Le stockage de déchets nucléaires retraités (du monde entier) peut générer du profit permettant déjà de sécuriser les centrales nucléaires russes. Les Allemands, en particulier, veulent créer des "cimetières nucléaires" en Russie, avec une entreprise mixte disposant de beaucoup d'argent. Le mouvement des Verts est faible, mais l'attitude des gens, en général, est négative. Gorbatchev, qui se soucie de l'environnement et a de bonnes intentions, reste sceptique sur la faculté des Russes d'effectuer ce travail proprement, vu leur insouciance.
Où en est la reconstruction des outils de production? La Russie, certes, vend beaucoup de matières premières. En URSS, 70% de la production concernait la guerre, et la Russie a gardé le premier rang mondial dans ces industries. L'agriculture repose pour les trois quarts sur des terres à risque; le quart seulement des terres arables est à récolte garantie, et encore toutes ne sont-elles pas sur le territoire russe, mais aussi sur des républiques voisines, comme l'Ukraine. Les exportations concernent essentiellement des matières premières (secteur primaire : pétrole, bois), mais aussi des produits travaillés (secteur secondaire : meubles, pétrole raffiné). La Russie peut vendre également de la technologie électronique (le "software", c'est-à-dire la matière grise, le secteur tertiaire). Pour cela, le système d'enseignement russe devra être adapté : Gorbatchev et une ONG tentent de lancer le mouvement. De toute façon, la vision de l'avenir économique du pays reste présente dans l'esprit des pionniers : on ne créera pas d'emplois pour les emplois, on restera réalistes.
Le pays n'a plus aucune expérience de l'économie de marché : comment fixer des prix, des références? En URSS, le "grossplan" était énorme et inutile. Depuis, une reconversion s'est faite, à l'autre bout de l'échelle. Un exemple : les "navettes", personnes important individuellement des marchandises bon marché, ont permis à la population de s'habiller. Les choses se réglent d'elles-mêmes, en cherchant à ne pas gaspiller, à faire des essais et rectifier les pratiques selon les résultats. Ce pragmatisme est favorisé par une certaine liberté économique des régions, qui se met en place sous l'impulsion du Président Poutine. Le budget régional est autonome et un projet de décentralisation économique très important est à l'étude.
Quel changement le Président Poutine veut-il et peut-il apporter, par rapport au gaspillage et au chaos qui ont sévi sous le Président Eltsine? Le Président Poutine ne veut plus de cette liberté sauvage qui est allée jusqu'à faire des criminels. Il introduit des contrôles, grâce aux anciens du KGB. Ces contrôles débutent, mais commencent à se voir, notamment aux frontières.
L'Islam, dans la CEI, se présente-t-il comme simplement identitaire, ou conquérant (à la façon des Talibans)? Le cas de la Tchétchénie est exemplaire. Au début, l'Islam est un facteur d'unité nationale, de regroupement des tribus et des clans. Mais ce rôle cède à un désir d'expansion, masqué par les slogans religieux. Les problèmes de géopolitique deviennent cruciaux partout, de quelque couleur qu'on les pare. On l'a vu avec la défaite de Saddam Hussein, qui est celle du socialisme arabe. Après l'illusion d'une gauche triomphante, universelle, pacifique, après le conflit Communisme - Islam, la Russie se rapproche des pays musulmans, pour garder la possibilité de dialoguer. Il faut des intermédiaires pour régler les foyers de conflit, la Russie y figure au premier rang dans cette partie du monde.
Les questions de l'auditoire ont amené Mme Goriaéva a préciser certains points :
Notes de synthèse de Michel Minine :