À l'origine, un ostrog (forteresse en bois) cosaque,
étape de la conquête de la Sibérie.
L'ostrog, est édifié en 1661, au confluent de l'Irkout et de l’Angara, par Yakov Pokhabov, chef d'un détachement de Cosaques. Ces paysans-soldats libres, qui s’enfoncent à partir du 16°siècle en Sibérie, dans les forêts à l’est de l’Oural, à la recherche de «l’or mou» - la fourrure de zibeline - sont utilisés par les tsars pour la conquête de la Sibérie. Les armoiries d’Irkoutsk reflètent ses origines.
Aux 18e et 19e siècles Irkoutsk est un relais
dans le commerce avec la Chine.
Thé, soieries, porcelaines, en provenance de Chine et à destination de Moscou, Saint-Pétersbourg et des capitales européennes, transitent par Irkoutsk. Dans l'autre sens, ce sont les draps, les velours, les fourrures, les cuirs. Ce commerce, lucratif, enrichit de véritables dynasties de marchands et transforme l'austère forteresse en ville prospère. Si les riches négociants continuent, jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle à construire leurs somptueuses demeures en bois, la ville se dote, dans ce pays de forêts, d'imposantes églises en pierre.
Le rôle considérable des exilés politiques et de l'arrivée du Transsibérien.
C'est souvent à Irkoutsk que s'installent, à l'expiration de leur peine de bagne en Sibérie, les exilés politiques : Décembristes, tels que Volkhonski, Troutetskoï, Polonais, tels que Dybovski, Tcherski - deux savants auxquels on doit d’importantes avancées dans l’étude du Baïkal, socialistes de toutes obédiences, ils apportent une contribution considérable au développement culturel de la ville.
Avant même que n'arrive, en 1898, le Transsibérien, moteur essentiel de l'essor économique de la ville, Irkoutsk est vue par Tchekhov, qui y passe en été 1890, comme «Très intellectuelle {….} Tout à fait l'Europe».
Irkoutsk dans la tourmante révolutionnaire.
Au lendemain de la prise du Palais d'hiver, à Saint-Pétersbourg, le 6 novembre 1917, les Bolcheviks installent un pouvoir révolutionnaire dans la Maison Blanche, résidence du Général-Gouverneur de la Sibérie orientale. Mais, en décembre, les junkers, élèves officiers, s'en emparent après de sanglants combats. Au cours de l'été 1918, c'est toute la Sibérie qui passe sous le contrôle des contre-révolutionnaires, les «Blancs», aux ordres de l'amiral Koltchak, «Chef suprême de toutes les Russies». Mais, à partir de la fin de l'année 1918, la situation se retourne et, début janvier 1920, Irkooutsk est reprise par les Bolcheviks. Fait prisonnier, Koltchak est fusillé le 6 février 1920. Le 7 mars, la Cinquième Armée rouge, qui compte dans ses rangs Jaroslav Hašek - l‘auteur du «Brave soldat Chveïk» - fait une entrée triomphale à Irkoutsk
Une ville tout à la fois soviétique, impériale et moderne
La période soviétique est marquée par le lancement de grands chantiers, le barrage d'Irkoutsk,
la construction de grandes usines (dont la célèbre usine d’aviation) et une considérable augmentation de la population de la ville (le nombre d'habitants passe de 99 000
en 1926 à 250 000 en 1939 et atteint 547 000 dès 1979 - un peu plus de 600 000 aujourd’hui).
À
partir des années 1960, est lancé un important programme de
constructions de logements, les «Khrouchtchevka», aujourd’hui très
«tendance».
En 1960, c’est la construction de l'énorme cité scientifique,
Akademgorodok, filiale de l'Académie des sciences de l'URSS, qui
rassemble une série d'institutions scientifiques prestigieuses, dont,
depuis 1993, l'Institut de limnologie.
Bâtiments et monuments
soviétiques voisinent aujourd’hui avec des constructions glorifiant le
passé impérial : l’imposante statue de Lénine est proche de celles
érigées en l’honneur de l’explorateur que fut aussi Koltchak ou
d’Alexandre III, constructeur du transsibérien.
Le monument à la mémoire des victimes de la Grande Guerre Patriotique
est le lien entre l'Irkoutsk soviétique et l'Irkoutsk d'aujourd'hui.
Symbole du modernisme de la ville, l’usine d’aviation produit des
appareils militaires mais aussi civils de dernière génération, dont le
MS 21, plus léger et plus économe que l’Airbus A320
L'ostrog d'Irkoutsk - gravure anonyme de 1697
© Irkipedia
Maison Chastine construite
au milieu du 19e siècle
© Ph. Guichardaz
Maison en bois restaurée © C. Dobignard
Eglise du Sauveur © C. Dobignard
Eglise de l'Epiphanie © C. Dobignard
Théâtre d'art dramatique © C. Dobignard
Maison-Musée Volkonski © Ph. Guichardaz
Entrée de l'Armée Rouge à Irkoutsk © Irkipedia
Le barrage d'Irkoutsk © Irkipedia
Vue aérienne d'Akademgorod © Wikipedia
Khrouchtchevka à Irkoutsk © Irkipedia
Les
occidentaux ont du mal à imaginer la place qu'elle occupe dans la
mémoire collective russe et à quel point est ancrée, dans la conscience
de chaque génération, la certitude que le sort du conflit mondial s’est
effectivement joué sur le sol de leur patrie.
Alexandre Kolchak © I. Musyka
Alexandre III © I. Musyka
Elèves montant la garde devant la flamme éternelle
© I. Musyka
Le siège de la direction de l'usine d'aviation d'Irkoutsk
© Irkipedia
Une ville jeune, tournée vers le Baïkal.
La jeunesse de la population est un trait marquant d'Irkoutsk. Elle est liée au fait que la ville est le principal pôle universitaire et scientifique de la Sibérie orientale. Irkoutsk compte 60 000 étudiants - 18 000 pour la seule Université d'Etat - ce qui représente 10 % de la population totale. L'âge moyen des irkoutiens est de 36 ans, alors que celui de Saint-Pétersbourg est de 44 ans.
L’institution, en 1999, de la «Journée du Baïkal» est la traduction institutionnelle d'une préoccupation qui est au coeur de chaque citoyen d'Irkoutsk. Spectacles, concerts, concours, jeux et actions de sensibilisation écologique visent à faire participer toutes les couches de la population à cette fête qui a lieu le deuxième dimanche de septembre. La fille du vieux Baïkal, la belle Angara, était amoureuse du bel Ienisseï, nous conte la légende. L'histoire des habitants d'Irkoutsk, leur vie, leurs projets tissent la trame, depuis plus de 350 ans, d'une autre histoire d'amour, celle de la cité sibérienne et de l'éternel jeune homme, le Baïkal.
Manifestation de jeunes lors de "la Journée du Baïkal" à Irkoutsk
© I. Musyka